Une grande surprise au Conseil de la métropole

Publié le 7 juillet 2023

Le 7 juillet, le conseil de Grenoble-Alpes Métropole a débuté par l’adoption d’une charte de déontologie qui reprend les exigences de la loi, ce n’est jamais inutile, avec des précisions très précises notamment concernant les cadeaux reçus par les élu-es.

Le point le plus attendu était la restructuration de l’exécutif de la part du bon vouloir du président de la Métro qui avait décidé de retirer la délégation des déchets à Lionel Coiffard alors que tout le monde appréciait son travail et que la raison invoquée était de corriger un écart par rapport à une proportionnelle entre les différents groupes de la majorité. Tout le monde le sait, ce motif de retrait d’une délégation est illégal, la jurisprudence du conseil d’Etat est connue de tout le monde, mais pas du président. Nous avions exprimé notre désaccord avec cette décision du président

A partir du moment où Lionel Coiffard se retrouvait sans délégation, la loi impose à l’assemblée délibérante de se prononcer sur le maintien ou non en fonction du vice-président sans délégation.

A la surprise générale, Lionel Coiffard reste vice-président pour l’instant sans délégation (par 54% pour et 46% contre). Mais il devrait vite retrouver sa délégation sinon ce sont tous les conseillers délégués qui n’auront plus de délégation. Il ne peut pas y avoir de conseiller délégué si tous les vice-présidents n’ont pas une délégation.

L’opération restructuration de la majorité a été un échec brutal et très mal préparée, on ne règle pas des difficultés politiques par des mesures arithmétiques et disciplinaires. La majorité métropolitaine doit vite se reprendre dans le respect des accords passé et d’arrêter la guéguerre malsaine qui s’est instaurée. Il est de la responsabilité du président de créer les conditions de l’apaisement et pour retrouver du dynamisme dans l’action publique.

Avant le vote Lionel Coiffard est intervenu, voici sa déclaration dont le contenu a pesé sur les votes des élu-es.

« Nous avons demandé la mise en débat de cette délibération afin que le conseil puisse entendre les raisons du retrait d’une délégation de vice-présidence, ce qui n’est pas commun dans notre assemblée, dirons-nous.

Tout d’abord, je voudrai partager avec vous tous le fait que selon les échos de la presse, comme des échanges de courriers entre groupes d’élus et le président, le fait métropolitain semble étranger à cette proposition de décision. Il ne s’agit pas d’un souci d’inflexion d’une de nos politiques de services publics qui aurait été en défaut. Pas plus d’une éventuelle mise en cause personnelle ce qui est très flatteur, j’en remercie les différents acteurs de cette séquence.

Donc. Donc nous sommes sur quoi ? en fait.

Pas un sujet de service public

Pas un sujet de remise en cause personnelle

Les propos entendus parlent d’équilibres politiques, de répartition des postes, de calculs arithmétiques poussés. Nous avons poussé nos capacités à maitriser le logiciel Excel comme jamais, ce qui est bien positif.

Pourquoi pas ? Je ne suis pas certain que cela fasse avancer quoi que ce soit plus vite ou mieux dans nos politiques publiques et que résumer à l’enjeu du calcul du plus fort reste selon que l’on l’applique sur 20 vice-présidence ou 21 vice-présidences plus le président ou 30 vice-présidences et 10 conseillers délégués ou 31 vice-présidences 10 conseillers délégués et un président ou qu’on regarde de plus près la répartition sur les organismes dits extérieurs et leur nature, eh bien en fait c’est tantôt notre groupe qui n’a pas assez de responsabilité, tantôt nos camarades du groupe CCC, tantôt nos amis du groupe NMC qui n’ont pas une juste répartition proportionnelle.

Mais tout cela a-t-il une réelle importance, personne ici sur nos bancs respectifs ne croit sérieusement à ces explications rhétoriques. Nous devons la vérité à nous-même mais plus encore aux citoyens de nos communes.

Je ne vais pas entrer dans de vaines polémiques. Le vote de la délibération suivante va juste montrer une réalité très attendue par tous et par certains avec avidité notamment sur les bancs du parti socialiste que tout cela n’a rien à voir avec nos projets métropolitains. Comme j’ai pu mesurer dans mes conversations avec mes homologues aux déchets que des tensions similaires se déroulent à Tours, à Bordeaux, à Rennes, à Montpellier et à Lyon, je pense qu’il s’agit même de pratiques politiciennes nationales tant notre vie politique est en décomposition face aux réels enjeux.

Non, moi je voudrais simplement au nom de mon âge déjà un peu avancé et d’un militant qualifié dans la presse d’historique des écologistes vous redire à toutes et tous que notre planète commence à brûler par le feu ou la chaleur, que les incendies de forêts redémarrent en France, que la pollution se développe, que les maladies aussi, que les décisions à prendre ne le sont toujours pas et que même si la plupart doivent être prises à d’autres échelons que le nôtre, nous avons notre part de responsabilité. Comme Nicolas Hulot l’a fait dire au président Chirac le 2 septembre 2002, nous regardons ailleurs… et nous nous penchons sur les équilibres politiciens partisans. Presque drôle en fait.

Moins drôle par contre le chantage médiocre qui a été la démarche du Président pour demander de façon incessante au groupe UMA de désigner une victime interne avec trois ultimatums successifs faute de quoi je serai débarqué par défaut. Alors que dès le début des discussions, nous avons répondu que ce n’était pas à nous de choisir pour une décision venant d’un autre. Désolé … mais là cette façon de faire c’est de la très très vieille pratique politicienne des années 80. C’était fondamentalement sans moi ce vilain jeu. Les membres du groupe UMA et notamment les autres vice-présidents sont restés solidaires. Monsieur le Président quand vous prenez une décision assumez-là tout de suite et tout seul et ne jouez pas au chantage.

Lorsque à l’automne 2007, Monsieur le Président vous vous êtes rendu au local des Verts Isère pour solliciter le soutien des écologistes pour votre première campagne municipale à Pont de Claix, c’est moi qui « t’ai » reçu et je n’ai pas posé un chantage avec des conditions, le secrétaire départemental d’EELV que j’étais a pris ses responsabilités, je suis même allé dans ton meeting de second tour en mars 2008 pour assumer pleinement les accords que nous avions passé. Ça fait la différence entre nous deux. Je tiens mes engagements. Les engagements de septembre 2020 ne sont plus respectés : dont actes…

Donc voilà, nous sommes arrivés au bout de cette séquence sans intérêt pour les citoyens. Maintenant c’est à vous d’assumer votre choix chers collègues.

Tout cela n’est pas grave, la planète brûle, un vice-président aux déchets qui n’a rien à se reprocher sera remplacé, on perdra un peu de temps sans doute. Mais depuis deux mois j’ai scrupuleusement préparé au mieux les choses avec les services pour faciliter la transition.

Je conclus pour vous rappeler que mes enjeux à moi sont bien ailleurs.

Nous reconstruisons les trois usines de traitement des déchets pour plus de 300 millions d’euros dans une coopération sensible avec les intercommunalités voisines qu’il ne faut surtout fragiliser, nous devenons producteurs d’énergie renouvelables de façon inédite en gaz et en électricité, nous engageons la mutation de notre société locale vers davantage de réemploi des objets et des matériaux avec la quatrième usine de massification le pôleR qui ouvre cet été.

J’ai travaillé avec presque toutes les équipes municipales de droite, de gauche et du centre depuis trois ans sans aucun esprit partisan. J’ai entendu aussi les maires se plaindre de la relation avec notre exécutif, en off comme en in, lors de séances de conseils municipaux qui m’ont reçu.

Je vois que cet esprit non partisan que je me suis appliqué n’est pas partagé, cette délibération de retrait le démontre et plus encore la délibération suivante.

Enfin, parce que c’est l’essentiel, je tiens à remercier les équipes. Nous avons la chance de disposer d’une grande direction des déchets, de techniciens et de techniciennes pointus, des équipes engagées de terrain à la collecte et dans les déchèteries. J’ai pu très souvent les accompagner directement dans leurs échanges avec les territoires. C’est passionnant de comprendre un territoire et de bâtir véritablement l’avenir avec elles et eux.

Je vais juste les lister :

  • les équipages de la collecte et des quatre centres techniques
  • l’équipe biodéchets alimentaires
  • l’équipe qualité du tri des emballages
  • l’équipe reconstruction des usines
  • l’équipe du réemploi et de l’économie circulaire
  • l’équipe de la réduction des déchets, enjeu majeur de la décennie
  • les équipes des 21 déchèteries
  • l’équipe de Murianette au cœur d’un projet central de réduction intelligente des déchets
  • les techniciens de projets des nouvelles déchèteries
  • les tenants du cordon de la bourse, nos services financiers en tension permanente au vu des enjeux en cours
  • les petites équipes des secrétariats qui se mettent en quatre pour coordonner
  • les directions centrales dont je me demande toujours comment elles arrivent à tenir tous les projets

J’ajoute un mot pour les équipes des deux entreprises CCIAG et PAPREC-TIRU qui gèrent le quotidien de nos deux monstres industriels simultanément en fonctionnement et en reconstruction.

Alors merci à toutes et tous. Bravo. »

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Un commentaire sur “Une grande surprise au Conseil de la métropole”

  1. […] président à Lionel Coiffard dont la délégation aux déchets avait été supprimée le 27 juin. A la surprise générale le conseil a refusé à une nette majorité cette suppression. . Le vote à bulletin secret a eu pour résultat que 62 élu-es ont refusé cette sanction et […]