Le groupe d’opposition au Département de l’Isère, Isère Ecologie Solidarités, lors d’une conférence de presse le 18 novembre 2024, demande que le conseil départemental transfère à la Région l’aéroport de Saint-Geoirs qui ne sert qu’à alimenter les stations de ski en Savoie et Haute Savoie pour des skieurs provenant en majorité du Royaume Uni. Il ne s’agit pas d’un service public essentiel. La délégation de service public confiée par le département à Vinci depuis 2009 se termine le 30 juin 2026 et coûte très cher au département. C’est le moment d’arrêter ces cadeaux à Vinci et de financer les priorités essentielles du département. Deux autres aéroports fonctionnent dans notre région, à Lyon et Chambéry.
Le bilan de la délégation de service public à Vinci est très déficitaire et impose au département de subventionner le délégataire. Les objectifs de trafic étaient très irréalistes, il y a trois fois moins de passagers que prévu.
Le trafic de passagers, n’a pas évolué selon les prévisions de croissance envisagées lors de la conclusion du contrat en 2008. En effet, les prévisions, irréalistes et déjà contestées à l’époque par les écologistes au Conseil Général de l’Isère, fantasmaient entre 507 000 et 889 000 passagers en 2023. En réalité, seuls 243 000 passagers ont emprunté l’aéroport de Saint-Geoirs en 2023,soit 2 à 3 fois moins que prévu en 2008.
Le Département de l’Isère finance donc une activité privée structurellement déficitaire.
Au total, au cours des 10 dernières années (2013-2023), Vinci a englouti au minimum 15,8 M€ de subvention d’exploitation. Ce sont, en moyenne, plus de 1,4 M€ annuels de budget de fonctionnement du Département qui partent à fonds perdus dans les caisses de Vinci.
Avec ces 1,4 M€/an de subvention, le Département aurait pu depuis 10 ans créer l’équivalent de 30 emplois à temps plein ou financer 50 000 heures annuelles de service à domicile.
De plus, depuis 2009, c’est plus de 11 M€ de subvention d’équipement que le Département aura accordé à Vinci dans le cadre de la DSP. Malgré un trafic très en deçà des hypothèses les plus basses de la DSP, le niveau d’investissement dimensionné pour passer le pic d’activité des samedis hivernaux, soit 12 jours par an, n’a pas été modifié. Le Département a continué à investir massivement dans l’aéroport sans tenir compte du niveau d’activité en chute libre.
Se rajoutent les 15 M€ (dont 8,9 M€ à la charge du Département de l’Isère), pour les nouveaux bâtiments de l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), 1 M€ pour un nouveau hangar et 400 k€ pour le réaménagement de l’entrée de l’aéroport, 206 k€ de contribution exceptionnelle COVID en 2020, 75 k€ pour l’organisation des 50 ans de l’aéroport en 2018…
La nouvelle DSP Transaltitude qui a sera renouvelée jusqu’en 2030 « prévoit la desserte hivernale (soit du 1 er décembre de l’année N au 30 avril de l’année N+1) de 14 stations de ski iséroises ». Aucune mention n’est faite du tourisme 4 saisons dans cette convention. Au contraire, la majorité départementale de droite continue à verrouiller l’Isère dans « le tout ski » au bénéfice de quelques stations de haute altitude, dont certaines envisagent la mise en place de quota pour faire face au surtourisme.
La nouvelle DSP fait également apparaître un nouvel objectif, à savoir l’optimisation de l’accueil d’aviation d’affaires, autrement dit l’augmentation du nombre de vols de jets privés en Isère. Les isérois seront sûrement ravis d’apprendre que le Département subventionne l’accroissement du transport en jets privés soumis à aucune taxe sur les carburants et donc bénéficiaires de droits à polluer gratuits.
Autre objectif quasi-surréaliste de la nouvelle DSP : “tendre vers un équilibre financier dans l’exploitation de la plateforme” ce qui confirme que, en l’état actuel, l’activité est déficitaire. L’utilisation du mot ‘’tendre’’ doit faire sourire chez Vinci, Eiffage ou EDEIS (potentiels candidats à la nouvelle DSP) tellement l’objectif manque d’ambition et d’exigence. Pas non plus l’once d’une date butoir pour redresser les finances de l’aéroport. La majorité de droite au Département de l’Isère continuera donc de limiter le risque commercial du futur opérateur en lui versant une subvention d’exploitation et le risque industriel en finançant des subventions d’équipement.
Ne faudrait-il pas rappeler à nos gestionnaires départementaux qu’une concession de service public doit être gérée par une société qui doit prendre des risques sans attendre que la collectivité délégante lui supprime tous les risques de gestion.
Une autre politique est en effet possible.
Mots-clefs : conseil départemental, écologie, isère, services publics, solidarité