
Pour les municipales 2026 à Grenoble, Alain Carignon appelle à une large entente politique autour de sa personne et, en réponse, Emilie Chalas la cheffe de file des macronistes à la mairie, s’est empressée d’ouvrir un dialogue avec l’ancien maire corrompu.
Alain Carignon réécrit l’histoire une fois de plus en affirmant avec l’aplomb qu’on lui connait (DL du 21 février 2025) : « Mon histoire politique et personnelle, le fait que j’ai été injustement sali ». Encore une affirmation totalement fausse, Alain Carignon s’est sali lui-même dans une série d’importantes malversations révélées par la justice jusqu’à commettre l’acte le plus grave pour un élu comme le prouve la Cour d’appel de Lyon du 9 juillet 1996.
« …il n’a pas hésité à trahir la confiance que ses électeurs lui manifestaient, en monnayant le pouvoir de maire qu’il tenait du suffrage universel, afin de bénéficier d’avantages matériels qui se sont élevés à 19 073 150 francs et de satisfaire ses ambitions personnelles ; qu’il a ainsi commis l’acte le plus grave qui puisse être reproché à un élu ; qu’un tel comportement est de nature à fragiliser les institutions démocratiques et à faire perdre aux citoyens la confiance qu’ils doivent avoir en des hommes qu’ils ont choisis pour exercer le pouvoir politique…
Attendu que la gravité des faits, dont Alain Carignon a été déclaré coupable, et la persistance de son comportement troublent encore l’ordre public fondé sur la confiance que chaque citoyen doit avoir envers les institutions, politiques et sociales qui, établies par la loi, régissent l’État, et les hommes qui ont reçu mandat d’en être les garants ; qu’il convient d’y mettre fin en assurant l’exécution immédiate de la décision et de décerner, Alain Carignon étant absent à la lecture de la décision, un mandat d’arrêt à son encontre ; »
Mais il n’a jamais reconnu les faits révélés par la justice. Il espère que depuis ses multiples affaires judiciaires, la mémoire collective va s’effacer. Il est vrai que beaucoup de Grenobloises et de Grenoblois ne connaissent pas la très longue liste des malversations effectuées par cet ancien maire.
A l’ADES, nous sommes pour la réinsertion des délinquants mais pas au milieu des victimes quesont les habitants, les contribuables et usagers des services publics vivant à Grenoble et l’agglomération, durablement spoliés par les pratiques corruptives.
C’est pourquoi il est utile pour la vie démocratique de rappeler sans cesse les actions d’Alain Carignon entre 1983 et 1995 qui lui ont valu de la prison, suite à de nombreuses malversations allant jusqu’à la corruption, l’enrichissement personnel et la subornation de témoins. Résumé des malversations de cette époque peu glorieuse à lire dans la brochure éditée par l’ADES en 2007 sur le retour aux affaires du corrompu. Lire le livre de Raymond Avrillier et Philippe Descamps, le système Carignon, en libre accès sur internet ici.
Voici les titres des chapitres de cette brochure de l’ADES qui résument bien la réalité de cette époque :
« Entre 1983 et 1995 à Grenoble pour les affairistes, les copains, les coquins et les grands groupes privés, c’était le bon temps !
Entre 1983 et 1995, pour les Grenoblois, c’était le temps des vaches maigres !
Entre 1983 et 1995, c’est un clan de délinquants qui règne sur la ville, l’agglomération puis le département
Un menteur. Un manipulateur aux méthodes louches et musclées. Des amitiés à l’extrême droite… »
Le Rouge et le Vert a rappelé régulièrement les très nombreuses malversations opérées par Alain Carignon qui ont couté très chers aux Grenoblois-es et à la mairie de Grenoble. En voici un résumé avec renvois aux articles détaillés qu’il est recommandé de lire à tête reposée.
Pour les questions financières, un article résume rapidement ce qu’a coûté aux Grenoblois le passage au pouvoir du maire corrompu : une dette énorme, des finances totalement dégradées. Il aura fallu plusieurs années à une coalition de la gauche et des écologistes à partir de 1995 pour redresser la situation.
Tous les chiffres que nous livrons au lecteur-citoyen ne sont pas les élucubrations ; ils sont tirés des Comptes administratifs, établis par l’administration municipale, votés par le Conseil municipal et vérifiés par le comptable public, personne indépendante des élus. Ces comptes sont consultables aux archives municipales. Qui a ruiné Grenoble : la corruption (suite 2 et pas fin) « ADES – Le Rouge et le Vert
Comment la dette de la ville de Grenoble a-t-elle explosé entre 1983 et 1995 ? La dette de la commune qui s’établissait à 95 M€ en 1983 au moment de l’arrivée du maire corrompu, va dépasser les 250 M€ à partir de 1991. Contrairement à la version de Carignon, la dette a explosé à la suite d’une mauvaise gestion des dépenses de fonctionnement qui ont tellement gonflé par rapport aux ressources que l’épargne nécessaire au financement des investissements a disparu.
La gestion calamiteuse de l’office HLM de la ville (OPALE qui deviendra ACTIS) va couter 72,5 millions de Francs aux contribuables grenoblois. La situation est tellement grave que l’Etat est obligé d’intervenir pour sauver l’OPALE, dont le trou financier atteindra 25 M€ (162,5 MF).
L’histoire de l’échangeur d’ALPEXPO (rond-point de la rocade sud) est très instructive des dérapages, où l’on voit M. Carignon recevoir des enveloppes contenant des espèces pour l’aider dans sa carrière politique, espèces provenant d’une société intéressée à la réalisation de cet échangeur de la rocade sud. Ce n’est pas tout ! On découvre aussi … d’illégales mais juteuses pratiques au département de l’Isère sous la présidence de M. Carignon : des prestations et des emplois fictifs, une commission irrégulière, de faux documents comptables, etc.
C’est ainsi que pour l’échangeur d’ALPEXPO, il a été remis à M. Carignon, en espèces dans une enveloppe, la moitié d’une commission de 2 % d’un prêt de 10,67 millions d’euros, soit 126 563 euros. Les juges ont estimé que « cette somme a servi, pour partie, à financer les activités du parti politique auquel appartenait Alain CARIGNON.
La privatisation de l’eau et de l’assainissement. En 1996, la justice s’est prononcée sur la corruption qui sévissait à Grenoble sous le mandat de M. Carignon qui a bénéficié d’avantages matériels pour satisfaire ses ambitions personnelles, totalisant 2,9 millions d’euros. Il s’agissait notamment :
- de nombreux voyages en avion taxi,
- d’un appartement de 280 m2 à Paris,
- d’une croisière de luxe en Méditerranée,
- de leçons d’anglais
- du renflouement de ses journaux électoraux Dauphiné News et News Gratuit.
Ces cadeaux lui ont été offerts par les groupes MERLIN et LYONNAISE DES EAUX qui ont obtenu en échange, en 1989, la délégation du service des eaux de la ville à leur filiale commune créée pour l’occasion, la société COGESE.
Comme le précise l’arrêt définitif de la Cour d’Appel de Chambéry le 10 juin 1998 : « Attendu que la concession du service de l’eau de la ville de GRENOBLE a ainsi été effectuée, non après mise en concours de plusieurs candidats, examen des prestations fournies par chacun d’eux, et choix de celui présentant le maximum d’avantages pour les consommateurs tant au point de vue de la qualité des services rendus qu’à celui de leur prix, comme cela aurait dû l’être, mais uniquement parce que la COGESE, via le groupe MERLIN et la Société Lyonnaise des Eaux était en mesure de procurer au Maire les dons et avantages à usage personnel… »
Ainsi un jugement nous mène à l’histoire de l’appartement du Boulevard Saint Germain, un des cadeaux que le maire corrompu a obtenu en contrepartie de la privatisation de l’eau.
Le 18 avril 1995 conformément aux réquisitions du parquet, le juge d’instruction (Ph. Courroye) rend une ordonnance renvoyant tous les prévenus de l’affaire CARIGNON devant le tribunal correctionnel de Lyon. Dans son ordonnance de cent pages, le juge souligne notamment « l’extrême gravité du trouble causé à l’ordre public par le processus de corruption impliquant un élu (…) en monnayant un acte de la fonction qui lui a été confiée par le suffrage, la personne investie d’une parcelle de l’autorité publique contourne les règles de transparence et de concurrence, fondement de l’économie de marché, discrédite sa légitimité, sacrifie l’intérêt général au profit d’intérêts particuliers et trahit les devoirs de sa charge. » Devant les arguments de la défense il ajoute « qu’en contradiction avec les démentis sommaires et systématiques opposés par Alain CARIGNON à l’intégralité des faits qui lui étaient reprochés, les multiples charges résultant du dossier viennent administrer la preuve de la mauvaise foi et de la prévarication du maire de Grenoble. »
Voici quelques détails de l’instruction de ce dossier rappelant la genèse de l’opération de corruption qui va aboutir à la privatisation du service de l’eau et de l’assainissement qui va coûter très cher aux Grenoblois. Qui a ruiné Grenoble : la corruption (suite) « ADES – Le Rouge et le Vert
Et les impôts cachés dans la facture d’eau. Le 3 novembre 1989 le maire Alain CARIGNON signe pour vingt-cinq ans les contrats de délégation des services publics de l’eau et de l’assainissement de la ville de Grenoble avec la société COGESE (filiale commune des groupes MERLIN et LYONNAISE DES EAUX créée pour l’occasion), alors qu’il savait que les usagers allaient rembourser les 110 millions d’euros qui devaient être versés par cette société dans les caisses de la ville jusqu’en 2014. Il savait également que les mêmes usagers allaient supporter le coût de ses voyages en avion taxi, de son appartement de 280 m2 à Paris, de ses leçons d’anglais, de sa croisière de luxe en Méditerranée et surtout du renflouement de son groupe de presse DAUPHINÉ NEWS (journaux Dauphiné News et News Gratuit)… d’un coût de 2,9 millions d’euros entre 1984 et 1993 ! Voyons ce qu’il en est de cette affaire qui a aussi contribué à la ruine de Grenoble et à l’enrichissement de son maire.
L’affaire des parkings grenoblois. Alain CARIGNON a été entendu par la police judiciaire de Grenoble qui enquête sur le contrat et ses avenants passés en 1992 entre la ville et la COMPAGNIE GÉNÉRALE DE STATIONNEMENT, devenue SOGEPARC – VINCI, à propos des parkings Verdun, Hoche, Lafayette, Philippeville, Denfert-Rochereau, Terray, Le Musée, Schuman-Europole. Une audition initialement prévue le 29 février 2007 a été retardée à cause des élections présidentielles et législatives.
Une enquête préliminaire pour favoritisme, recel et faux a été ouverte par le parquet de Grenoble suite à l’arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon, en date du 29 septembre 2005, qui a jugé que les règles de mises en concurrence n’avaient pas été respectées : la ville aurait dû insérer un avis d’appel à la concurrence au journal officiel des communautés européennes. La concession des parkings a été obtenue pour 30 ans… jusqu’en 2022 !
Le juge Courroye s’exprime en 2021 sur Carignon. , le journaliste Fabrice Drouelle revenait sur « Les affaires grenobloises d’Alain Carignon ». Il interviewait Philippe Courroye qui avait été nommé juge d’instruction dans le dossier Carignon concernant la corruption dans l’affaire du service de l’eau de Grenoble délégué à une filiale de la Lyonnaise des Eaux en 1989. Des extraits de ce témoignage permettent de comprendre les agissements du corrompu et des pressions sur les témoins.
Un « architecte » du système de corruption organisé par M. Carignon parle. M. Guy Névache a été un responsable important du Parti Socialiste grenoblois dans les années 1960-1980, membre du cabinet d’Hubert Dubedout, suppléant de Pierre Mendès-France, conseiller général, régional… Il a été en particulier secrétaire général du SIEPARG et du SMTC poste que M. Carignon lui a conservé de 1983 à 1989 pour le prendre à Grenoble comme son 3ème adjoint en charge des grands travaux dans le mandat 1989-1995. Il a alors quitté le PS.
Il a participé activement au système de corruption généralisé mis en place à Grenoble et dans l’agglomération. Après avoir suivi les dossiers irréguliers de l’assainissement, des déchets, des transports et du tramway au niveau intercommunal, il a participé aux montages qui ont permis les affaires de corruption de l’eau de Grenoble, du projet illégal de tunnel Bouygues Dutaret Carignon (c’est lui qui présente ces délibérations pour Carignon). Ce tunnel qui devait relier l’Esplanade à l’autoroute de Chambéry en passant sous Edouard Rey, Agutte Sembat et Jean Pain, aurait desservi au passage plusieurs parkings souterrains. Il participe à la répartition des marchés et concessions des parkings dont celui du CHU, et au montage irrégulier de la concession de la deuxième ligne de tramway…
La corruption une tache indélébile. Contrairement à ce qu’il prétend, M. Carignon n’est pas un citoyen et un élu comme tout le monde parce qu’il ne présente pas les garanties d’intégrité et de moralité indispensables pour exercer certaines fonctions importantes. Les électeurs et électrices de Grenoble doivent savoir que M. Carignon, suite à sa condamnation en 1996 pour corruption, subornation de témoins et enrichissement personnel au préjudice des usagers de l’eau de Grenoble, est interdit sans limitation de temps, d’exercer notamment des fonctions d’administration d’un organisme de logements sociaux par application des dispositions du code de la construction et de l’habitation.
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