Devant les projets de tours qui se multiplient à Grenoble, il est important de faire le point sur leur consommation énergétique, que ce soit en fonctionnement ou lors de leur construction.
Nous renvoyons pour cela à une étude technique de janvier 2009 du cabinet Enertech, spécialiste reconnu en ingénierie énergétique. L’étude complète se trouve à l’adresse suivante : http://www.enertech.fr/docs/Enertech_Tours.pd
En voici quelques extraits qui démontrent que dans une perspective du facteur 4 de production de gaz à effet de serre, il est fortement déconseillé de construire des tours, nous attendons une démonstration contradictoire de la part de leurs partisans. N’oublions pas aussi le prix de revient des bureaux et appartements plus élevé dans une tour.
Sur la dépense d’énergie en fonctionnement
« Le mouvement des « Green towers » a maintenant plus de dix ans. La première tour verte au monde a été la Commerzbank Tower à Frankfort en 1997. Depuis, quelques dizaines de tours vertes ont été érigées avec la volonté, sincère ou non, de faire des bâtiments de haute qualité environnementale, doublée d’un effort sur la consommation d’énergie.
La plus intéressante de ces tours, du point de vue de la consommation d’énergie, est la Post Tower à Bonn (livrée fin 2002), parce qu’elle a été conçue par le meilleur bureau d’études thermiques allemand (Transolar) et que sa conception s’est faite en bonne intelligence entre l’architecte et tous les membres de l’équipe. Il s’agit, comme toutes les tours actuelles, d’un bâtiment de bureaux. C’est aujourd’hui la tour verte la moins consommatrice du monde…
Mais la campagne de mesure faite par Transolar a montré que, par rapport aux prévisions, la consommation réelle était supérieure de 33 % pour le chauffage et de 67 % pour les consommations électriques et s’élevait à 120 kWh/m²Shon/an d’électricité et à 60 kWh/m²Shon/an de chaleur…
Les décisions prises lors du Grenelle de l’Environnement vont poser un problème très sérieux aux tours, quelles qu’elles soient, et aux tours vertes en particulier. En effet, à compter de 2012, tous les bâtiments neufs devront atteindre le niveau de performance du label BBC Effinergie qui impose, pour l’instant, que Cep <= Cepref – 50%. Mais cette manière d’exprimer l’obligation n’est pas satisfaisante, et il n’est pas impossible que l’objectif des bâtiments tertiaires soit, comme pour les logements, exprimé d’une manière intrinsèque. Cette valeur ne pourrait s’écarter trop de la valeur pivot « 50 kWh/m²/an » (exprimée en énergie primaire) pour le chauffage, le rafraîchissement, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage et les auxiliaires de chauffage et de ventilation. Cet objectif pourrait aller, selon la zone climatique, de 40 jusqu’à 65 kWhep/m²shon/an.
Or dans la tour verte la plus performante du monde aujourd’hui, la consommation atteinte pour ces seuls usages est de 52 kWh/m²/an d’électricité et 60 kWhep/m²shon/an de chaleur, soit de près de 228 kWh/m²/an d’énergie primaire. C’est à dire 4,5 fois trop….
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